This is surely a first for me: An article I wrote for SIA, the Swiss Engineering and Architectural Association, has been translated into French. So here’s one for all of my francophone friends out there: enjoy!
Un des lieux les plus touchés par les bouleversements techniques est le bon vieux bureau. Naguère, deux choses transformaient une pièce en bureau: des meubles sur lesquels on travaillait et des armoires où l’on archivait des classeurs contenant tout le savoir sous forme imprimée. Dans un monde où les gens sont «constamment en ligne» et peuvent travailler en principe partout et à tout moment, ces deux choses sont devenues inutiles.
Selon l’étude «Ideas at Work», 58 pour cent des idées ne voient plus le jour au bureau. A peine 30 pour cent des personnes interrogées disent avoir une illumination quand elles sont assises à leur poste de travail. «Pour le travailleur du savoir de demain, le temps et l’énergie personnelle seront les facteurs de production les plus rares», déclare Franklin Becker, directeur du programme International Workplace Studies de l’Université new-yorkaise de Cornell.
«A l’avenir, le monde du travail sera plus individuel», assure le professeur Wilhelm Bauer, de l’Institut Fraunhofer pour l’économie du travail et l’organisation (IAO) de Stuttgart. Le bureau va donc perdre en importance en tant que seul lieu de travail et centre d’énergie de l’entreprise.
Aujourd’hui déjà, un «nomade numérique» typique aux Etats-Unis ne passe plus qu’un tiers de son temps au bureau; il travaille le reste du temps à domicile ou en déplacement: dans l’avion, à l’hôtel ou au café, où il trouve de plus en plus souvent non seulement une tasse de boisson énergisante, mais aussi un mobilier aux formes ergo- nomiques et une connexion Internet sans fil à haut débit. De toute façon, le travailleur nomade du savoir a toujours ses dossiers avec lui, sur son laptop ou dans l’ordinateur de l’entreprise avec lequel il est constamment connecté. Le bureau, mais aussi les bâtiments de bureaux devront donc changer. Le style de travail nomade des collabo- rateurs nécessite non plus des interminables rangées de petites pièces, mais des structures adaptées à leurs besoins. Des exigences radicalement nouvelles attendent donc les architectes et les concepteurs, par exemple des «espaces hybrides» utilisables simultanément par de nombreux collaborateurs et clients.
Le modèle pourrait en être donné par le Stata Center du MIT de Boston, aux lignes futuristes, réalisé en 2004 par l’architecte vedette Frank Gehry et où des informaticiens et des spécialistes des sciences humaines travaillent, enseignent, discutent, se reposent et mangent simultanément dans une même pièce. Conformément à son mode d’utilisation, le Stata Center est ouvert 24 heures sur 24, et aucune pièce, sauf les toilettes, n’a été conçue pour servir un but particulier.
Dans un tel bureau, le rôle de l’employé est le module le plus important pour le mobilier, déclare le professeur Gunter Henn, architecte de l’Université technique de Dresde et concepteur entre autres de la manufacture de verre de Volkswagen. Les tables, les chaises et les parois sur roulettes peuvent être déplacés et donc adaptés aux différentes situations de travail. Des parois créent des espaces privés, mais selon lui, tous les autres murs de l’entreprise de demain seront en verre.
D’ailleurs, les gens communiqueront différemment avec le monde des données et avec autrui. Cette communication reposera bien davantage sur l’intuition et les comportements naturels.
Ce constat est à prendre au pied de la lettre: le mur du bureau ne sera peut-être plus fait de placoplâtre et de peinture, mais de tapisseries numériques – d’immenses feuilles ultra-minces fonctionnant comme l’écran d’un ordinateur et sur lesquelles nous pourrons représenter autant d’informations que nous voulons, à la taille de notre choix. Des projets de ce type existent déjà, du moins en laboratoire. Et c’est tant mieux, car l’être humain est profondément visuel. Nous percevons jusqu’à 85 pour cent de nos informations par le regard. A l’avenir, nous ne serons donc plus assis devant nos ordinateurs, mais pour ainsi dire dedans – bienvenue dans le merveilleux nouveau monde du travail!